DSM-VI s'inscrit en suite logique à notre démarche de création de mondes artificiels entièrement robotisés. Il s'agit cette fois d'un univers mettant en scène des créatures exprimant les symptômes de comportements psychologiques "anormaux" et aux prises avec de sérieux problèmes de "santé mentale" tels que névroses, psychoses, troubles de la personnalité, paranoïa, schizophrénie, dépression, délire, et autres formes de troubles du comportement. Le titre du projet s'inspire de celui du célèbre manuel de référence de psychiatrie, le DSM-IV.
Le DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est considéré comme la bible de la psychiatrie, c'est un ouvrage descriptif parfois encensé parfois critiqué qui classifie et décrit les centaines de troubles du comportement chez l'humain. La version IV a été d'abord publiée en 1994 puis révisée en 2000. La version V est actuellement en préparation et devrait voir le jour en 2012. Nous proposons ici la version VI. Tout comme certains de nos travaux antérieurs ont eu pour thème "la misère des machines" (voir La cour des miracles), le projet DSM-VI veut poursuivre notre travail sur la création d'une métaphore du vivant en s'appuyant cette fois sur la notion d'une "psychose des machines".
L'installation se présente comme une sorte de tableau vivant, un vaste lieu compliqué à l'architecture labyrinthique qui n'est pas sans rappeler les cages d'un jardin zoologique ou les corridors d'un hôpital psychiatrique. Dans cet univers étrange d'échafaudages métalliques, de câbles électriques et de tuyaux suspendus, flotte un brouillard enveloppant ne laissant entrevoir que certaines formes vagues et fuyantes. Des créatures mystérieuses habitent ce lieu, parfois totalement indifférentes à l'approche des visiteurs, parfois complètement déchaînées par leur intrusion.
Les créatures robotisées sont les personnages et les acteurs de cette singulière allégorie interactive. Elles sont construites de façon à évoquer un comportement dysfonctionnel ou aberrant qui laisse à croire à la maladie qu'elles portent en elles. Ce sont des structures abstraites faites de métal, de plastique et de silicone, sans aucune intention délibérée de représentation visuelle particulière. C'est leur comportement qui, avant toute chose, leur donne un aspect organique et vivant. Nous y retrouvons des machines schizophrènes, des machines aux personnalités multiples, des machines autistes, des machines délirantes, phobiques et paranoïaques.